Les peintures qui thématisent la lamentation de Jésus-Christ représentent généralement une scène intime dans laquelle la tristesse, la consolation et l’espoir prédominent pour renforcer la foi des croyants. Cependant sur la peinture de Baramantino la présentation du corps de Christ est tellement sans pudeur et intensive que l’importance de l’acte biblique est minimalisé au bénéfice de la beauté du corps dénudé. La figure de Christ évoque avant tout les traditions des nus antiques en se référant également aux nues de la peinture vénétienne, notamment aux Vénus couchées de Giorgione et de Titian. Ainsi la peinture de Bramantino exprime l’idée du corps idéal qui unifie et montre paradoxalement en même temps la beauté asexuelle du corps humaine et la sexualité féminine par les allusions au désir. Cette complexité des références expose également le mélange des différentes traditions dans la culture européenne, celle de l’antiquité et celle du christianisme.